Dans le petit village de la Grande Chaloupe, à La Réunion, existent deux lazarets : deux anciennes bâtisses qui étaient destinées à mettre en quarantaine tous les arrivants sur l’île au XIXème siècle, et en particulier les engagés (qui remplacèrent les esclaves, dans des conditions guère plus enviables, à partir de 1848). L’un de ces lazaret a été restauré, mais l’autre était jusqu’à il y a peu de temps dans un état intéressant d’en-sauvagement : ses murs inextricablement pris – et en fin de compte protégés – par la végétation. Une campagne de restauration est en cours, qui, malheureusement, risque de détruire cet intéressant équilibre au nom de la mise en patrimoine. Ce bâtiment tenait pourtant ainsi, dans l’indifférence totale de tout le monde, depuis plus d’un siècle, et le laisser dans son état à proximité du lazaret restauré aurait permis une réflexion sur les enjeux de la mémoire, les raisons des oublis, celles des redécouvertes, et sur le culte des monuments anciens cher à Alois Riegl. Quoi qu’il en soit, voici ce lazaret dans son état de 2011. Je précise pour les non réunionnais que la dernière image du diaporama (celle avec des sacs en plastique accrochés à un arbre) ne correspond pas à un vestige de repas laissé par des touristes indélicats, mais à un servis kabaré, cérémonie cultuelle afro-malgache : d’après ce qu’on m’a expliqué, les sacs contiennent des offrandes et restent sur l’arbre car on revient pour interpréter leur état de pourrissement.
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